ÈÓã Çááå ÇáÑÍãä ÇáÑÍíã
æÌæÈ ÇáÅÎáÇÕ æÃËÑå Ýí ÕÍÉ ÇáãäÇÓß
L'obligation de la sincérité et ses
conséquences sur l'authenticité des
rites du pèlerinage
Toutes les louanges
sont à Allah, Le Seigneur des
mondes. Que les prières et les
salutations d’Allah soient sur Son
Serviteur et Messager, ainsi que sur
ses partisans et tous ses
compagnons.
Le fruit de toutes
les bonnes actions -qu’elles soient
extérieures ou intérieures-
résulte : de la vertu du cœur, de sa
piété et de son humilité envers Le
Seigneur des mondes. Ceci ne pouvant
se concrétiser que si Allah est
l’objectif suprême et la finalité
{et
que tout aboutit, en vérité, vers
ton Seigneur}
(53, 42).
Le pèlerinage fait
partie des adorations qui a pour
fruit la piété. Allah dit concernant
l’un de ses rites qui est le
sacrifice :
{Ni leurs
chairs ni leurs sangs n'atteindront
Allah, mais ce qui L'atteint de
votre part c'est la piété}
(22, 37). L’érudit Sa’di (qu’Allah
lui fasse
miséricorde) a dit : « il y a
en cela un encouragement et une
incitation à la sincérité lors du
sacrifice, et que l’objectif soit la
Face d’Allah seul, et non pas la
vanité, l’ostentation, la réputation
ou la simple tradition. Il est en de
même pour toutes les autres
adorations qui, si elles ne sont pas
accompagnées par la sincérité et la
piété envers Allah, seront telles
des épluchures sans fruit, ou un
corps sans âme »[1].
La règle établie
dans la religion, appuyée par les
nombreux textes du Coran et de la
sounna stipule que l’acceptation de
l’action dépend de la sincérité
envers Allah qui l’accompagnera
ainsi que la conformité à la
législation. Le Très-Haut dit :
{Allah n'accepte que de la part des
pieux}
(5, 27). Ibn Al Qayyim a dit : « la
meilleure explication concernant ce
verset est que la seule action qui
sera acceptée sera celle dans
laquelle on fera preuve de piété
envers Allah. La piété dans l’action
étant qu’elle soit accomplie pour
Son Visage, en conformité avec Son
ordre »[2].
Par ces deux grands fondements -la
sincérité et la conformité- se
concrétisent véritablement et
réellement les deux attestations de
foi. On n’adore alors qu’Allah, et
qu’en fonction de ce qu’a transmis
Son Messager
ﷺ.
C’est aussi en fonction de ces deux
principes que repose le bonheur.
Allah dit : {Qui est meilleur en
religion que celui qui soumet à
Allah son être, tout étant
bienfaisant} (4, 125). Ibn Al
Qayyim a dit : « la sincérité dans
l’intention est l’action pour Allah
et la bienfaisance dans celle-ci est
le suivi de Son messager
ﷺ
et de sa sounna »[3].
La sincérité –qui est le sujet de ce
rappel- est d’avoir pour objectif
Allah Seul par l’adoration, de
purifier (l’acte) de la
considération des créatures et de
l’épurer du polythéisme apparent et
caché. C’est une obligation pour le
musulman à l’unanimité. Elle a été
ordonnée à de nombreuses reprises
dans Le Livre d’Allah : {Nous
t'avons fait descendre le Livre en
toute vérité. Adore donc Allah en
Lui vouant un culte exclusif. C'est
à Allah qu'appartient la religion
pure} (39, 2-3), {Dis : "Il
m'a été ordonné d'adorer Allah en
Lui vouant exclusivement le culte}
(39, 11).
Sans la sincérité, l’œuvre est
privée de l’acceptation et est
exempte de récompense. Le Messager
ﷺ
a dit : « certes Allah
n’accepte de l’action que celle qui
est accomplie avec sincérité dans
laquelle Sa Face a été recherchée »[4].
Et il a dit : « fais bonne
annonce à cette communauté d’une
place haute et élevée, d’un secours
et d’une autorité. Celui d’entre eux
qui fera une œuvre pieuse ayant pour
objectif ce bas-monde,
n’aura aucune part dans
l’au-delà »[5].
La sincérité est la base du
pèlerinage et son fondement. Le
pèlerin n’entame ses rites qu’en la
proclamant de manière claire et en
se la rappelant : « me voici venu à
Toi ô Allah, Tu n’as pas
d’associé ». Il a été rapporté dans
le hadith que le Prophète
ﷺ
a dit lors de son pèlerinage : « ô
Allah j’exécute le pèlerinage dans
lequel il n’y a ni ostentation ni
recherche de réputation »[6].
Voici ce qu’est un pèlerinage
sincère.
Que sache alors celui qui s’apprête
à accomplir les rites que les
véritables pèlerins sont peu
nombreux malgré que ceux qui s’y
rendent affluent de manière
conséquente. S’il ne veut pas
retenir de son pèlerinage que la
fatigue de son corps et l’épuisement
de son âme, qu’il perfectionne alors
son but, purifie sa volonté, et
qu’il prenne garde contre tout ce
qui pourrait annuler ou entacher son
intention.
Ces actes annulatifs et ces défauts
résultent en général de deux
choses : l’ostentation et vouloir ce
bas-monde.
Quant à l’ostentation, c’est le fait
que celui qui œuvre recherche par
son adoration autre chose que la
Face d’Allah. Cela se manifeste par
la volonté de se montrer à autrui
afin d’obtenir ses compliments.
L’ostentation a de nombreux niveaux
et d’importantes divisions.
Certaines sont claires et d’autres
dissimulées. N’en est exempté que
celui qui est protégé par Allah.
Les preuves qui l’interdisent sont
multiples. Elle a été appelée dans
les textes le polythéisme mineur, le
polythéisme dissimulé et le
polythéisme secret. Le Prophète
ﷺ
a dit : « ce que je redoute le plus
pour vous est le polythéisme mineur.
Ils dirent alors : Et quel est le
polythéisme mineur ô Messager
d’Allah ? L’ostentation,
répondit-il, Allah dira le jour de
la résurrection lorsque les gens
seront rétribués en fonction de
leurs actions : allez vers ceux pour
qui vous pratiquiez l’ostentation
dans ce bas-monde, et regardez si
vous trouvez auprès d’eux une
quelconque récompense »[7].
Et Il
ﷺ
a dit : « ne vous informerais-je pas
d’une chose que je redoute plus pour
vous que le faux messie ? Ils
dirent : bien sûr. C’est le
polythéisme caché, répondit-il,
l’homme se lève et embellit sa
prière lorsqu’il voit qu’il est
observé »[8].
Et Il
ﷺ
a dit : « ô gens, prenez garde
au polythéisme secret ! Ils dirent :
ô Messager d’Allah, quel est le
polythéisme secret ? Il dit :
l’homme se lève et s’efforce
d’embellir sa prière lorsqu’il voit
qu’il est observé. Voilà le
polythéisme secret »[9].
Parmi les exemples qui peuvent
arriver au pèlerin de cette maladie
grave : le fait d’accomplir le
pèlerinage alors que son intention
est entachée. Comme le fait de se
vanter de son pèlerinage -ou du
nombre de ces derniers-, à son
retour dans son pays et d’obtenir le
statut de (hajj) par lequel il se
procura une place parmi les gens
qu’il n’avait pas auparavant.
La sincérité peut être également
écorchée au cours du pèlerinage par
la volonté de manifester des efforts
dans l’obéissance, ou de l’humilité
dans la prière, ou de l’imploration
dans l’invocation, ou de la
multiplication des œuvres
surérogatoires, ou dans le conseil
et le rappel ; tout cela afin de
rechercher l’éloge des gens et afin
d’être considéré à leurs yeux. Tout
ceci impacte sur l’intention
négativement et a des conséquences
néfastes sur l’action et sa
récompense que ce soit par sa
diminution ou son annulation.
De même qu’il peut manquer une
récompense énorme en se mettant aux
services de ceux qui sont avec lui
en subvenant à leurs besoins, si son
but est d’obtenir leurs compliments.
Il n’y a pas de doute que
l’adoration qui est pratiquée pour
les gens et afin d’obtenir une place
auprès d’eux, est caduque et ne
génère aucune récompense. Son auteur
encoure la colère d’Allah et Sa
punition. Allah dit dans le hadith
divin : « Je me passe totalement du
polythéisme, celui qui fait une
action dans laquelle il M’associe à
autrui, Je le délaisse lui et son
polythéisme »[10].
Cheikh al Islam a dit : « il n’y a
pas de récompense pour une œuvre
entachée à l’unanimité »[11].
Quant au fait de rechercher la vie
d’ici-bas : c’est le fait d’utiliser
le pèlerinage uniquement comme un
moyen de se procurer ce bas-monde et
ses débris. Parmi les exemples
concernant cela, s’enrichir en
accomplissant le pèlerinage pour
autrui en n’ayant nullement
l’intention de rendre service à son
frère (incapable de pratiquer
lui-même le pèlerinage) , d’utiliser
ce qu’on a reçu afin de parvenir à
ces endroits bénis et d’obtenir la
récompense de la prière, du rappel
et de l’invocation là-bas ;
mais seulement toucher l’argent de
celui qui t’aura délégué. Il se peut
même qu’il marchande en disant :
« rajoute-moi d’avantage,
je
vais me fatiguer énormément au cours
du pèlerinage ! ». Et c’est d’Allah
que nous implorons l’aide.
Ceci est comme l’exemple précédent
dans l’attirement de la colère
d’Allah, de Sa punition et
l’annulation de
la récompense.
Cheikh al Islam Ibn taymiyya a dit :
« ce qui est recommandé est qu’il
prenne (un salaire) pour pouvoir
accomplir le pèlerinage et non pas
d’accomplir le pèlerinage dans le
but de prendre (un salaire). Et ceci
est valable pour tout salaire que
l’on peut percevoir en accomplissant
une bonne action.
Celui
qui prend un salaire afin (de se
libérer) pour étudier, enseigner ou
faire le jihad, ceci est bon… Quant
à celui qui en apparence est occupé
par les bonnes actions afin de se
donner une pourvoyance, ceci est en
réalité œuvrer pour la vie
d’ici-bas. Il y a une différence
entre le fait que la religion soit
une fin et ce bas-mode un moyen, et
que le bas-monde soit une fin et la
religion un moyen. Et le plus
probable est que ce dernier n’ait
d’en l’au-delà, aucune part »[12].
Il dit également (qu’Allah lui fasse
miséricorde) : « l’imam Ahmed
a dit : je ne connais personne qui
accomplissait le pèlerinage pour
autrui en contrepartie de quelque
chose. Si cela était une bonne
action, ils se seraient empressés de
le faire. Gagner son pain par le
biais des œuvres de bonté ne fait
pas partie des caractéristiques des
gens vertueux »[13].
Ibn al Qayyim (qu’Allah lui fasse
miséricorde) a dit «nous interdisons
de prendre un salaire pour toutes
bonnes actions, et nous les
déclarons caduques dans ce cas… Il
ne sied pas à cette belle religion
de faire des adorations vouées
exclusivement pour Allah des
transactions par lesquelles on
recherche des échanges et des biens
mondains »[14].
Et il a été cité dans le hadith
précédent : «Celui d’entre eux qui
fera une œuvre pieuse ayant pour
objectif ce bas-monde,
n’aura aucune part dans
l’au-delà ». Et Allah dit :
{Ceux qui veulent la vie présente
avec sa parure, Nous les
rétribuerons exactement selon leurs
actions sur terre, sans que rien
leur en soit diminué. Ceux-là qui
n'ont rien, dans l'au-delà, que le
Feu. Ceux qu'ils auront fait ici-bas
sera un échec, et sera vain ce
qu'ils auront œuvré} (11, 15-16).
Il a été dit concernant ce verset
qu’il concerne les mécréants, et il
a été dit qu’il concerne les
musulmans. La plupart des exégètes
disent qu’il englobe toutes les
créatures[15].
Selon l’avis qui stipule qu’il
concerne les mécréants, il n’y a
aucun doute que celui qui s’associe
à eux dans leurs actions aura une
part de ce verset[16].
Un autre verset se rapproche
du précédent : {Quiconque
désire labourer [le champ] de la vie
future, Nous augmenterons pour lui
son labour. Quiconque désire
labourer [le champ] de la présente
vie, Nous lui en accorderons de [ses
jouissances]; mais il n'aura pas de
part dans l'au-delà} (42, 20).
Ainsi que la parole d’Allah :
{Quiconque désire [la vie] immédiate
Nous nous hâtons de donner ce que
Nous voulons; à qui Nous voulons.
Puis, Nous lui assignons l'Enfer où
il brûlera méprisé et repoussé}
(17, 18).
Ibn al Qayyim a dit « voilà trois
versets dans le Coran qui se
ressemblent, se confirment et se
rassemblent sur un seul sens qui est
que celui dont la vie d’ici-bas est
le but, et pour laquelle il fournit
tout son effort, alors il n’aura
dans l’au-delà aucune part. Tandis
que celui dont l’au-delà est
l’objectif, c’est pour elle qu’il
œuvre et s’efforce, alors elle sera
à lui »[17].
N’est pas concerné par ce jugement
le fait de commercer pendant le
pèlerinage. La permission de cela a
été citée dans la parole d’Allah Le
Très-Haut : {Ce n’est pas un
pêché que d’aller en quête de
quelque grâce de votre Seigneur}
(2, 198). Il n’y a donc pas de mal
dans cela tant que la cause majeure
(du pèlerin) est la recherche de
l’au-delà. Également, car ces
transactions n’ont pas un lien
direct avec le pèlerinage et ses
rites. Elles se déroulent uniquement
au même moment et aux mêmes
endroits. Et cela entre dans le fait
de faire intervenir plusieurs
intentions : l’une légiférée et
l’autre permise.
Je demande à Allah de rendre nos
actions
bonnes, effectuées
sincèrement pour Sa Face, et
qu’elles ne soient pour aucun autre
que Lui.
Que les prières et les salutations
d’Allah soient
sur
notre Prophète Mohammed, sur ses
épouses et sa descendance.
Sâlih ibn ad al-’Azîz ibn ‘Othmân
Sindy.
[1]
Tayssir al-Karim ar-Rahman
(539)
[2]
Miftâh dar as-sa’âda (1/304)
[3]
Madârij as-salikîne (2/93)
[4]
Rapporté par an-Nassâiy
(6/25), selon abou Oumâmah
al Bâhily. Ibn Rajab a rendu
bonne sa chaîne de
transmission dans Jâmi’
‘Ouloum wa al-Hikam (1/81).
[5]
Rapporté par Ahmed dans son
mousnad (35/146), Ibn Hibbân
dans son Sahîh (2/132),
selon Oubey ibn Ka’b.
Al-Haythamy a dit dans
al-Majma’ (10/223) : les
hommes de ce hadith sont les
hommes du sahîh. Al-Albâni a
authentifié ce hadith dans
sahîh al-targhîb wa
at-Tarhîb (16).
[6]
Selon
Anas, Ibn ‘Abbâs,
Bichr ibn Qoudâma (qu’Allah
les agrée) en des termes
proches et des chaînes
multiples. Rapporté par
at-Tirmidhy dans ach-Chamâil
(191), Ibn Mâjah (2890), al
Bayhaqy dans as-Sounan
(4/332) et d’autres. Il y a
dans chaque chaîne une
faiblesse. Certains servants
l’authentifient par
l’ensemble de ses chaînes.
Cf. as-Sahîha (2617).
[7]
Rapporté par Ahmed dans son
mousnad (39/39), selon
Mahmoud ibn Labîd (qu’Allah
l’agrée), al-Moundhiry a
rendu bonne sa chaîne de
transmission dans at-Targhîb
wa at-Tarhîb (1/34).
[8]
Rapporté par Ibn Mâjah
(2/1406), Ahmed (11/354-355)
d’après abou Sa’îd
al-Khoudry (qu’Allah
l’agrée). Al- Bousayry l’a
rendu bon dans Misbâh
az-Zoujâjah (3/296).
[9]
Rapporté par Ibn Khouzaymah
dans son Sahîh (2/67)
selon Mahmoud ibn Labîd
(qu’Allah l’agrée).
Al-Albâny l’a rendu bon dans
sahîh at-Targhîb wa
at-Tarhîb (17).
[10]
Rapporté par Mouslim
(18/326) selon Abou Houreira
(qu’Allah l’agrée).
[12]
Majmou’ al-Fatâwâ (26/19-20)
[13]
Majmou’ al-Fatâwâ (26/19).
[15]
Cf. al-Mouharar al-Wajîz
(935), Zâd al-Massîr (649),
al-Jâmi’ li ahkâm al-Qorân
(9/11), ‘oddat as-Sabirîne
(163), Rouh al-Ma’âny
(12/315).
[16]
Cf. al-Qawl al-Moufîd
(10/723).
[17]
‘Oddat as-Sabirîne (166).
|